Le président de Vivendi, maison-mère de SFR, aurait fait son choix : c’est Numericable qui va acquérir le deuxième opérateur français au détriment de Bouygues.
L’annonce devrait être officielle dans la journée : SFR, vendue par Vivendi, devrait finalement tomber dans le giron de Numéricable, filiale d’Atlice. Depuis plusieurs jours, l’offre de Bouygues, soutenue par le ministre du Redressement Productif, était donnée favorite. Arnaud Montebourg voyait dans cette opération un moyen de stabiliser le marché de la téléphonie mobile en réduisant de quatre à trois le nombre d’opérateurs.
Si Numericable remporte la mise, le secteur restera à quatre têtes et, selon le ministre, la filiale d’Atlice n’a pas les reins suffisamment solides pour supporter la guerre des prix et garantir l’emploi : « Numericable est une petite entreprise par rapport à ce qu’est SFR. C’est une entreprise de cinq milliards qui s’endette à hauteur de dix milliards pour acheter plus gros que lui. Quand on a les yeux plus gros que le ventre, on risque de se mettre en danger » a estimé Arnaud Montebourg à l’antenne d’Europe 1.
12 milliards d’euros sur la table
Selon une récente note de la Direction générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services (DGCIS), l’impact social d’un rachat de SFR par Numericable serait moins lourd que l’option Bouygues. Dans ce dernier cas de figure, l’opération se traduirait par 1 500 à 3 000 suppressions d’emplois notamment « sur les fonctions supports et les réseaux » dont les effectifs pourraient, pour Bouygues ou SFR, « être divisés par deux ». Avec Numericable, les effets sur l’emploi resteraient importants mais moindres (de 1 000 à 2 000 suppressions de postes).
Pour le gouvernement, l’enjeu du partage de gateau consiste à édifier un acteur solide capable d’investir dans le très haut débit dans les prochaines années (30 milliards d’euros, soit l’équivalent de deux tunnels sous la Manche). D’où la préférence pour la carte Bouygues/SFR.
Enfin, Arnaud Montebourg a clairement dénoncé la « situation fiscale » de l’entreprise Numericable qui possède « une holding au Luxembourg et est cotée à la bourse d’Amsterdam ». De plus, son actionnaire principal, Patrick Drahi, patrons d’Atlice, possède des actifs « à Guernesey, paradis fiscal britannique, et réside en suisse » a ajouté le ministre, décidé à demander des comptes à l’intéressé si Numericable remporte la vente de SFR.
Le montant de la transaction devrait se situer aux alentours de 12 milliards d’euros.