Selon le procureur du tribunal correctionnel de Paris, les propos racistes qu’avait tenus Jean-Paul Guerlain à propos des nègres ont constitué un « trouble à l’ordre public ». De son côté, le parfumeur a fait part de ses « regrets ». Mais, depuis, une autre procédure a été déclenchée à son encontre concernant des propos de même nature.
Le 15 octobre 2010, Jean-Paul Guerlain, l’ancien dirigeant de la célèbre parfumerie de luxe, s’était exprimé sur France 2 à l’occasion d’une interview accordée à la journaliste Elise Lucet, présentatrice du journal de 13 heures.
Des propos racistes au JT
Au cours de la conversation, les propos du parfumeur avaient subitement dérapé dans l’ignominie. Evoquant son parcours à la tête de l’entreprise familiale et la création du parfum Samsara dans les années 80, Jean-Paul Guerlain, sur un ton empreint de détachement, dit alors s’être à cette occasion « mis à travailler comme un nègre ». Et d’ajouter, pour enfoncer le clou, sur un mode ironique : « Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… »
Une réaction immédiate
Cette sortie très fâcheuse, à laquelle n’avait d’ailleurs pas réagie Elise Lucet, avait immédiatement soulevé l’indignation de plusieurs associations de lutte contre le racisme et déclenché une vive émotion au sein de la communauté noire qui y a vu de sombres relents de colonialisme.
L’image de Guerlain en avait d’ailleurs été sérieusement écornée, à tel point que les dirigeants actuels de l’entreprise avaient demandé à son assureur de verser une indemnisation au titre du préjudice économique subi, qui s’était traduit par des fermetures de boutiques dans les DOM TOM.
2. Procès
L’affaire a eu une suite juridique, après plusieurs dépôts de plaintes, dont celles de SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) ou encore l’association Noir et Fier.
Une justification bancale
A l’audience, Jean-Paul Guerlain a réitéré ses excuses « à la communauté noire », qualifiant ses propos d’ « imbécilité » et martelant qu’il était « tout sauf raciste » : « La première partie de ma phrase est une phrase que j’ai entendue toute ma jeunesse quand je travaillais dans le jardin de mon grand-père. Je suis d’une autre génération » a tenté de justifier l’ancien parfumeur.
Une condamnation sans surprise
Si le parquet a tenu compte de la « sincérité » de ces excuses, il a toutefois considéré que les propos tenus le 15 octobre 2010 par le descendant du fondateur de la Maison Guerlain, étaient « injurieux et racistes » et ont, de ce fait, constitué « un trouble à l’ordre public » en raison notamment des stéréotypes « dégradants » qu’ils ont véhiculés.
Le procureur a requis à l’encontre du parfumeur une amende qui tienne compte de ses revenus, « de 7.500 euros au moins ».
Au plus fort du scandale en 2010, les dirigeants de la société avaient, pour briser l’amalgame créé sur le nom « Guerlain », rappelé que Jean-Paul Guerlain n’est plus actionnaire de l’entreprise depuis 1996 et n’en est même plus salarié depuis 2002.