Des perturbations affectent le réseau internet depuis quelques jours : en cause, une cyberattaque d’une ampleur jamais atteinte visant les serveurs d’une entreprise européenne qui lutte contre la propagation des spams.
C’est une guerre des temps modernes, dont les motivations et les subtilités techniques échapperont sans doute à l’internaute lambda. Mais ses conséquences sont bien concrètes. Elles se sont traduites, ces tous derniers jours, par des ralentissements récurrents sur le réseau internet en Europe. Voilà pour le constat. La cause maintenant : il s’agit d’une cyberattaque, de type DDos (attaque par déni de service), consistant, comme son nom l’indique, à empêcher le bon fonctionnement d’un service en ligne.
Une attaque de très grande envergure
En l’occurrence, c’est une organisation européenne, SpamHaus, qui lutte contre la propagation des spams en envoyant notamment des listes noires aux entreprises, qui a été la cible d’un bombardement de données dont le degré d’agressivité aurait atteint un record absolu, mesurable au volume de gigabits émis par seconde, soit jusqu’à 300 Gbps, indique CloudFlare, spécialisé dans la sécurité des réseaux.
Pour faire clair, l’attaque a consisté à inonder les serveurs de SpamHaus mais avec des dommages collatéraux considérables pour l’ensemble des internautes : ainsi, « des encombrements, majoritairement constatés en Europe où la plupart des attaques étaient concentrées » auraient touché « des millions de personnes, y compris celles qui ne surfaient pas sur des sites en rapport avec Spamhaus » indique un responsable de CloudFlare.
Un soulèvement des spammeurs ?
La guerre est née d’un litige opposant la société SpamHaus à un hébergeur néerlandais Cyberbunker qu’elle a récemment blacklisté, estimant qu’il permettait aux spammeurs d’utiliser ses serveurs.
L’intéressé n’a rien revendiqué et aucun élement, au stade actuel des investigations, n’indique que l’attaque est liée à des représailles qu’il aurait lui-même orchestrées, avec le concours de pirates complices, suite à son bannisement par SpamHaus.
Le New York Times a néanmoins rapporté les propos d’un activiste présenté comme le porte-étendard des assaillants qui confirme qu’une bataille a été engagée contre Spamhaus pour, dit-il, «abus d’influence».
«Personne n’a jamais délégué à Spamhaus le fait de déterminer ce qui doit transiter sur Internet. Ils sont parvenus à cette place en prétendant combattre le spam» a-t-il fait savoir.