Dix suicides chez Orange en 2014

L’Observatoire du stress et des mobilités forcées, qui a recensé 10 suicides de salariés d’Orange en deux mois, tire de nouveau la sonnette d’alarme sur les conditions de travail au sein du premier opérateur français de télécoms contraint d’affûter sa communication de crise.

Cinq ans après la vague de suicides survenue chez France Télécom entre 2008 et 2009, l’Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées, instance créée en interne par les deux syndicats CFE-CGC et Sud, alerte de nouveau la direction de l’opérateur, devenu Orange en 2013, sur les conditions de travail au sein des différents services : dix salariés (trois femmes et sept hommes) se sont donnés la mort « entre le 14 janvier et le 6 mars dernier » affirme l’Observatoire. Selon Mediapart, qui révèle l’information, huit de ces dix suicides seraient liés à « des motifs professionnels ».

Sans rentrer dans une logique purement comptable qui serait d’autant plus déplacée qu’elle serait, par nature, subjective, dix suicides en seulement deux mois, « c’est plus que sur l’ensemble de l’année 2013 » (11 cas) précise l’Observatoire qui y voit le signe inquiétant d’une nouvelle dégradation du climat social au sein de l’entreprise.

Un marché en déséquilibre

Après la vague de décès de 2008 et 2009 (une cinquantaine), liés à un bouleversement des méthodes de travail et de management et une nouvelle politique de mutation dans le cadre du plan NEXT, les tensions avait été jugulées par la nouvelle direction au moyen d’un « contrat social » qui prévoyait notamment 10 000 embauches.

Problème, « on retrouve aujourd’hui dans l’entreprise les facteurs structurels de la crise 2007-2009, dont l’une des manifestations, la plus grave, est la remontée rapide des suicides » estime l’Observatoire. Depuis un an et demi, le marché des télécoms s’est, il est vrai, durci sous le double effet de la crise et de la guerre des prix lancée par Free. Orange, comme ses concurrents SFR ou Bouygues, ne sont pas sortis indemnes de cette lutte féroce.

La direction d’Orange, soucieuse de ne pas rééditer les erreurs de communication commises en 2009 et 2010, a reconnu la recrudescence de suicides depuis le début 2014, tout en considérant que «chacun de ces actes est par nature singulier et renvoie à des contextes différents ». Cette situation la rappelle néanmoins «  à la vigilance et au devoir d’interroger sans relâche l’efficacité des nombreux dispositifs de prévention mis en place depuis plusieurs années ».

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