Dans un clip diffusé sur internet, on les voit chanter en ramant. Les auteurs de cette farce burlesque sont les membres du bureau d’un Medef local, en Bretagne. Leur but était de se faire entendre. C’est réussi.
Les oreilles présidentielles ont dû siffler différemment ces dernières semaines lorsque les patrons du Medef Côte d’Armor ont enregistré et filmé cet opus inédit envoyé comme une bouteille à la mer depuis leur chère Bretagne jusqu’au palais de l’Elysée. Il s’agit ni plus moins d’un chanson écrite et composée à l’occasion de la semaine de mobilisation patronale lancée par le Medef, l’UPA et la CGPME. Une chanson avec un texte donc et une musique. Cette dernière, assez accrocheuse, a été troussée par une célébrité locale, Laurent Chandemerle, un imitateur originaire de Plaintel.
« La France, nous on l’aime »
Le texte use de la ficelle métaphorique, celle de la mer et du bateau qui tangue, jusqu’à plus soif. Vous aurez compris le message : on est tous sur la même galère et on évitera, tous ensemble, les récifs de la complexité (administrative), les méchants monstres marins de la mondialisation, et le gros temps de la crise si vous soufflez dans nos voiles avec suffisamment de poumons pour nous faire avancer. Dès que le vent soufflera, aurait dit Renaud. Nos patrons, eux, démarrent leur ritournelle comme du Boris Vian et poursuivent…comme des patrons qui se risquent à la rime riche : «Monsieur le Président, 1 2 3…mise à feu, restaure la confiance, nous ferons la croissance, et tout ça pour la France, car la France nous on l’aime, comme il faut qu’t’aimes nos boîtes, il en est vraiment temps, la réconciliation, c’est ça la solution ».
Dans le refrain, ils tapent fort sur « la pénibilité » qu’on « peut pas l’appliquer, les allemands n’en n’ont pas, et nous on n’en veut pas, ta pénibilité elle va nous achever, vive la simplicité, la lisibilité », et reprochent, dans leur premier couplet, à François Hollande de « prendre des ris » quand, eux, ils « prennent des risques ». Lol !
Mais ce qui fera et fait déjà le succès de cette philippique d’une autre ère et pas culte encore, c’est sa chorégraphie impayable : dans le clip, on voit ce chœur breton assis sur des chaises mises bout à bout, en habit de semaine (col de chemise qui dépasse au-dessus du pullover), et ramant, dans un même élan synchrone, avec le Gwenn ha Du et une collection de drapeaux tricolores.