La Commission nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) demande à l’enseigne d’électroménager de modérer les commentaires parfois déplacés et indiscrets qu’écrivent certains salariés à propos des clients
Par devant, le client est roi, mais par derrière, les commerçants n’hésitent pas à leur tailler des shorts. C’est le cas dans les magasins Boulanger, comme partout ailleurs. Cette tradition, souvent bon enfant, devient problématique quand les propos en question sont consignés par écrit et stockés dans des bases de données, même internes. C’était le cas dans un établissement Boulanger à Annemasse (Haute-Savoie) où une plainte a d’ailleurs été déposée en début d’année.
La Commission nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) a alors été mandatée pour mettre son nez dans certains des outils utilisés dans le magasin et susceptibles de véhiculer des indiscrétions sur des personnes physiques. Certaines de remarques relevées ont été jugées « excessives » : entre autres « casses couilles » et « grosse connasses qui se croit tout permis », la CNIL a surligné 528 commentaires qui constituent, à ses yeux, « un manquement à l’obligation de veiller à l’adéquation, à la pertinence et au caractère excessif des données ». Dans cette compilation d’annotations plutôt gratinées, on trouve encore « client chiant », « très con », « n’a pas de cerveau », « folle », « fort accent africain », « de religion juive », « cardiaque », « alcoolique ».
La CNIL a mis en demeure Boulanger de prendre, sous trois mois,« les mesures nécessaires » pour effacer ces commentaires de ses outils informatiques, et d’éviter que des propos de cette nature ne soient à l’avenir enregistrés dans ses bases de données. En attendant, l’enseigne a présenté, sur Twitter « ses sincères excuses à ses clients » et promis de « remédier aux dysfonctionnements identifiés par la CNIL ».